A l'occasion de l'anniversaire des 40 ans de la loi Veil,qui a ouvert le droit à l'avortement en France,l'Assemblée nationale a adopté le 26 novembre dernier une résolution afin de réaffirmer l'importance du droit fondamental à l'interruption volontaire de grossesse (IVG) pour toutes les femmes,en France,en Europe et dans le reste du monde.
Si cela fait 40 ans que Simone Veil montait à la tribune de l'Assemblée nationale pour défendre et faire adopter la loi dépénalisant l'interruption volontaire de grossesse,marquant ainsi une étape fondamentale de l'émancipation des femmes,le chemin reste encore long à parcourir pour un plein exercice de ce droit.
Preuve en est qu'en 2014,à l'occasion de la discussion de la loi sur l'égalité entre les femmes et les hommes,il a fallu lutter contre celles et ceux qui tentaient d'empêcher la suppression de la notion de "détresse "comme condition d'accès à l'IVG;ceux-là même qui proposaient en 2013 lors de l'examen de la Proposition de Loi Radicale de Gauche visant à autoriser la recherche sur les cellules souches embryonnaires,de donner un statut à l'embryon,avec les conséquences que cela aurait pu avoir en terme d'atteinte au droit à l'IVG.Et si aujourd'hui l'IVG n'est plus un droit concédé,mais bien un droit à part entière,force est de constater qu'il ne suffit pas de proclamer un droit pour qu'il s'applique:il faut également lui donner les moyens de son plein exercice.En effet, la diminution du nombre d'établissements pratiquant l'IVG sur le territoire national(plus de 130 en dix ans),et l'évolution démographique de la profession de gynécologue avec de nombreux départs à la retraite attendus à court terme, ne sont pas sans conséquences sur l'accès effectif des femmes à ce droit fondamental.De la même manière,si les questionnements éthiques sur la vie sont inhérents à la condition humaine,cela ne doit pas mener à une quelconque indulgence envers les conservatismes de tous bords qui tentent d'empêcher le plein exercice de droits conquis de haute lutte et de libertés individuelles fondamentales.
Pourtant, en matière de libre accès à l'IVG,nous assistons à une résurgence de groupuscules qui,sous couvert d'information, tentent d'exercer sur les femmes des pressions psychologiques ou profèrent des menaces à l'encontre des personnels médicaux.Parallellement,certains médecins refusent de pratiquer l'avortement au-delà de la dixième semaine(lorsque notre droit le permet jusqu'à douze) ou tentent d'imposer une méthode,médicamenteuse ou chirurgicale.
Dans ce contexte,le plan annoncé pour janvier par la Ministre de la Santé,Marisol Touraine,visant à améliorer l'accès à l'IVG sur l'ensemble du territoire,trouve sa justification :permettre à toutes les femmes d'être prises en charge partout,dans les mêmes conditions.En cohérence, le Projet de Loi Santé entend permettre aux femmes d'accéder plus facilement à l'IVG par voie médicamenteuse en permettant aux sages-femmes de réaliser cet acte.
Mais au delà de nos propres frontières, de nombreux combats restent à mener en Europe.Alors que récemment les femmes espagnoles sont parvenues à faire reculer le gouvernement conservateur,qui souhaitait remettre en cause leur droit à l'IVG, d'autres pays européens,à l'image de l'Irlande,de la Pologne,du Luxembourg,de Malte ou de Chypre,n'ont pas encore de légalisation favorable dans ce domaine.Dans le monde,40% des femmes vivent dans des pays où elles ne peuvent pas avorter librement.Cetains pays vont jusqu'à interdire complètement l'avortement, même en cas de viol, même s'il s'agit d'une jeune femme mineure,même si la grossesse met la mère en danger ou que le foetus n'est pas viable.
C'est pourquoi ,l'Assemblée nationale a voté une résolution appelant la France à poursuivre son engagement,tant au niveau européen qu'au niveau international, en faveur d'un accès universel à la planification familiale.Cette résolution réaffirme le droit fondamental à l'IVG pour toutes les femmes,le droit universel des femmes à disposer de leur corps, le rôle majeur de l'éducation à la sexualité et de la prévention en direction des jeunes,la nécessité de garantir l'accès des femmes à une information de qualité,à une contraception adaptée, et à un avortement sûr.Les Députés du Groupe Radical,Républicain,Démocrate et Progressiste,ont bien entendu voté à l'unanimité cette proposition de résolution,considérant notamment que le droit des femmes à disposer librement de leur corps était une condition indispensable de la construction d'une égalité réelle entre les femmes et les hommes et d'une société de progrès, que les Radicaux de Gauche,fervents défenseurs des valeurs de libertés et d'égal,ont toujours appelé de leurs vœux.